LE MESSAGE DES SAINTES

Don Emmanuel

PRÉSENTATION DE DON EMMANUEL LEMIÈRE

Chers amis,

Un touriste d’un autre siècle, arrivant aux Saintes-Maries de la mer, découvrait fasciné les « manades de taureaux et des troupeaux de petits chevaux blancs à demi sauvages et bien beaux », le village resserré autour de sa belle église romane, « comme une forteresse antique », la Méditerranée aux couleurs changeantes, les petits bateaux colorés sur la plage, « tellement jolis comme forme et couleur qu’on pensait à des fleurs » ; puis, au crépuscule, les étoiles « qui scintillent comme des pierres précieuses dans un ciel d’un cobalt intense ». Il notait enfin : « les gens ne doivent pas être bien méchants ici, car même le curé avait presque l'air d'un brave homme »…

On voit que le mystique Vincent – puisqu’il s’agit bien sûr de Van Gogh en juin 1888 – ne portait pas forcément la religion catholique dans son cœur, mais cette « lettre à Théo » m’a bien fait sourire !

Depuis quelques semaines, depuis que Mgr Dufour, archevêque d’Arles et Aix m’a nommé recteur et curé des Saintes-Maries-de-la-Mer – en attendant qu’il vienne lui-même m’« installer » le 9 octobre -, j’ai expérimenté que les saintois et saintais sont de braves gens !, bien accueillants et demandeurs.

Il ne me reste plus, à la suite de ce prédécesseur lointain et à tous mes prédécesseurs - je ne citerai que le dernier qui m’a passé le flambeau, le Père Jean-Rémy Falciola -, qu’à être « un brave curé » et un zélé recteur…

Faisant partie de la Communauté Saint-Martin qui a en charge la ville d’Arles, et étant encore professeur de théologie au grand Séminaire de Toulon, je ne pourrai être que partiellement parmi vous, et je le regrette ; mais je souhaite me rendre disponible du mieux possible au service de tous les habitants de ce coin de paradis- tel il peut être appelé au temporel comme au spirituel -, et au service de tous les pèlerins qui viennent si nombreux et de si loin se recueillir en Dieu, auprès de sainte Sara et des Saintes Maries qui ont côtoyé le Christ, ont témoigné jusque sur ces rivages de sa mort et de sa Résurrection : un message qui nous touche encore aujourd’hui, et combien ! L’amour de Dieu pour chacun d’entre nous est le plus fort ! plus fort que la haine et l’incompréhension, plus fort que la mort elle-même.

LA BARQUE FAIT SIGNE


Le village des Saintes Maries de la Mer n'est pas peu fier de sa merveilleuse façade méditerranéenne, si généreusement illuminée du soleil du midi.

Le Sanctuaire lui-même reste essentiellement tourné vers la mer, s'il est vrai que nous restons très attachés au symbole de la Barque, la Barque qui porte nos Saintes Salomé et Jacobé, apôtres des apôtres, messagères de l'Évangile, porteuses d'espérance. Cette Barque, nous l'avons somptueusement fait restaurer en 2013 et nous la conservons précieusement au coeur de notre Sanctuaire millénaire. Trois fois par an nous la suivons en procession jusqu'à la mer. Elle est joyeusement portée par la Confrérie et par les Gitans, et nous célébrons en grande fête selon un rite immémorial l'arrivée de ces femmes, au I° siècle. C'est par elles que la Croix Glorieuse du Seigneur a pu être pour la première fois plantée sur le sol de Provence, par elles que le Nom de Jésus a pu être pour la première fois prononcé et invoqué ici même en Camargue avant de se répandre très vite dans toute la Gaule. Cette Barque est un grand signe pour nous, puisqu'elle nous rappelle les racines bibliques, les sources chrétiennes de notre culture, ce trésor de l'Évangile de Jésus annonçant depuis le Moyen-Orient la puissance d'Amour de notre Dieu pour tous les hommes..

Mystérieuse et inoubliable Barque "sans voile et sans rame", nous dit joliment la Tradition ! Avec elle notre coeur reste bien ancré dans la grande histoire de ce Bassin Méditerranéen, l'histoire de tous les peuples qui l'habitent depuis la nuit des temps. Mais cette histoire est aujourd'hui devenue infiniment douloureuse. Quotidiennement nous apprenons que naufrages et drames multiples viennent faire de la Méditerranée un immense cimetière. De frêles esquifs "sans voile et sans rame", faussement porteurs d'espoir et de vie, deviennent des embarcations de mort. Comment ne serions-nous pas aujourd'hui profondément touchés par tant de drames humanitaires ? Chaque semaine nous apporte les nouvelles de nouveaux désastres. Des pauvres gens par centaines, par milliers, fuyant la guerre, la famine, la misère, la violence, tentent au prix de tous les risques de trouver une terre d'asile. Mais nos pays nantis ne savent ni comment accueillir tous ces réfugiés ni découvrir les richesses humaines dont ils sont porteurs. Aurions-nous perdu en Europe cette ouverture de coeur de nos anciens, cette capacité d'accueillir l'étranger venu d'au delà de la mer ?

La Barque des Saintes, "sans voile et sans rame", nous fait signe et nous invite de façon pressante à comprendre que NOUS SOMMES TOUS MÉDITERRANÉENS… L'Évangile de la Fraternité nous exhorte à retrouver le réflexe de la solidarité universelle. En sorte que la Méditerranée puisse de nouveau être appelée "MARE NOSTRUM", "notre mer" !

LA JOIE DE L'ÉVANGILE


UN SANCTUAIRE POUR RENDRE GRÂCE !

Accueillir l'Évangile c'est accueillir la joie !

Nos Saintes Marie-Salomé et Marie-Jacobé ne sont pas arrivées en Provence comme des plaignantes en quête d'une terre d'asile pour fuir la persécution qui sévissait à Jérusalem contre les disciples du Christ ! Elles ne sont pas venues se réfugier bien au calme pour mourir en paix. Nos Saintes portaient avec elles une indicible Bonne Nouvelle qui leur brûlait le coeur. Comme les anges apparus la nuit de Noël aux bergers de Bethléem, elles étaient porteuses "d'une grande joie qui sera pour tout le peuple".

Et nous ne nous lassons pas, deux mille ans plus tard, de laisser résonner en nous leur beau message, magnifiquement relayé aujourd'hui avec des mots neufs par notre Pape François : "LA JOIE DE L'ÉVANGILE" !

Accueillir l'Évangile c'est rendre grâce pour cette joie !

Et nous savons que très tôt, dès l'origine, nos anciens ont voulu exprimer leur reconnaissance, leur émerveillement pour cette Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ, cette grande joie qui allait rapidement mettre le feu, c'est à dire la foi, à toute la Provence et bientôt à tout notre pays de la Gaulle.

Leur action de grâce a pris la forme d'un premier oratoire sur le lieu de vie des Saintes, et puis d'un premier Sanctuaire au V° siècle, et enfin de l'Église Fortifiée au X1° et XII° siècle que nous connaissons de nos jours.

Pour accueillir ici la joie de l'Évangile les pèlerins n'ont jamais cessé d'affluer sur ce Lieu Saint, surtout après la découverte des Reliques en 1448. Au contact proche des Saintes la prière s'est faite plus fervente au Christ Ressuscité, et d'innombrables grâces ont sans cesse été reçues. Par l'intercession des Saintes nous savons que des malades ont retrouvé la santé, des personnes en grand danger ont été sauvées. Et tous, de multiples façons, ont aimé, et aiment encore aujourd'hui, dire ou chanter, écrire ou sculpter leur immense MERCI à Dieu et aux Saintes.

Pour devenir nous-mêmes témoins de la joie de l'Évangile nous voulons conserver avec un grand respect ce merveilleux trésor des EX-VOTOS qui nous stimule à grandir à notre tour dans l'action de grâce. Nous cherchons à mieux connaître toute cette richesse et à mieux la faire connaître par tous.

PÂQUES TOUS LES JOURS


Ce Sanctuaire dédié à NOTRE DAME DE LA MER est un haut-lieu de célébration de la RÉSURRECTION DU CHRIST s'il est vrai que c'est ici, sur ce bord de mer en Provence, qu'a été annoncée pour la première fois en France et peut-être en Europe la Bonne Nouvelle de PÂQUES.

Les Saintes Maries nous rendent infiniment proches de l'Événement Pascal.
Ces Saintes Femmes, Marie-Salomé, mère de Jean et Jacques, et Marie-Jacobé, mère de l'autre Jacques et José, nous sont arrivées de Palestine quelques années seulement après la la Mort et la Résurrection de Jésus.
On peut dire qu'elles reviennent de loin !
Avec la Vierge Marie elles ont vécu la Pâque, le désastre du Vendredi Saint, la longue espérance du Samedi Saint, la surprise imprévisible du Dimanche de Pâques !
Elles ont été les premiers témoins directs du Tombeau Vide.
C'est par elles que les apôtres en ont été avertis, et c'est par elles ensuite que la Nouvelle est parvenue jusqu'en notre Camargue !

Pour nous, avec les Saintes, c'est donc Pâques tous les jours !
Car nous ne cessons à notre tour de proclamer cette Bonne Nouvelle à toutes celles et ceux, si nombreux, qui visitent ce Lieu Saint.

Entrez donc, visiteurs et amis de partout, touristes ou pèlerins d'un jour, et laissez vous saisir par cette Présence cachée qui illumine le monde !
Ce Sanctuaire est un merveilleux Tabernacle où nous conservons et vénérons comme des reliques infiniment précieuses ces corps contemporains du Christ, qui nous ont porté la Joie de Pâques, et qui continuent d'être signes de Jésus Vivant qui nous fait vivre !

Réjouissons-nous donc pour le message de vie et d'amour dont résonnent chaque jour les pierres vénérables de cet édifice millénaire !
Recueillons la Paix Profonde que le Christ Vivant nous donne et devenons nous-mêmes artisans de paix en tout lieu où nous vivons !

Christ est Ressuscité !
La mort est vaincue. Le mal et le péché n'auront pas le dernier mot de l'histoire !
L'Amour est vainqueur et nous emporte dans l'Espérance !
Il faut que cela se sache !
ALLELUIA !